Un pont trop loin

Sa diffusion ce dimanche soir permet de réévaluer la fresque sombre que Richard Attenborough consacra à un épisode de la Seconde Guerre mondiale.

La réponse est donnée par le film, un des plus éloquents sur la folie de la guerre. [Elliott Gould](https://www.telerama.fr/cinema/du-legendaire-humphrey-bogart-au-decontracte-elliott-gould-cinq-visages-du-detective-philip-marlowe-7014274.php) conduit une Jeep où il a installé, sur le siège avant, le corps d’un soldat laissé pour mort. Mais, à la réalisation, [Richard Attenborough](https://www.telerama.fr/cinema/richard-attenborough-le-realisateur-de-gandhi-est-mort-a-90-ans,115994.php) (1923-2014) était clairement conscient de faire un film de guerre à part. Que la guerre est jolie ](https://vodkaster.telerama.fr/films/ah-dieu-que-la-guerre-est-jolie/4376)(1969), adaptation d’une comédie musicale qui revisitait de façon très parodique et très critique les événements de la Première Guerre mondiale. L’échec est le seul sujet d’Un pont trop loin, et ce n’est pas tant celui des hommes que celui de la guerre même. Il met en scène le haut commandement des Alliés (casting de haut vol oblige), mais il se place, en réalité, dans la position d’un simple soldat, forcé de partir au front et de fermer sa gueule, même s’il n’en pense pas moins. Plus la stratégie militaire s’effondre, plus le retrait du réalisateur « neutre » laisse place à un engagement franc et dénonciateur. Son humanisme, Attenborough l’exprime en restant auprès des soldats qui, dans un combat où ils auront été sacrifiés, ont fait l’impossible pour remplir leur mission, comme celui que joue [Anthony Hopkins](https://www.telerama.fr/tele/documentaire/hannibal-hopkins-sir-anthony-1-190324758.php), le meilleur personnage d’Un pont trop loin. [Le Jour le plus long](https://www.telerama.fr/cinema/films/le-jour-le-plus-long,7992.php) (1962), [Un pont trop loin](https://www.telerama.fr/cinema/films/un-pont-trop-loin,453388.php) est adapté d’un livre du journaliste Cornelius Ryan, qui, dans ce cas, ne racontait pas le Débarquement mais ce qui aurait dû rester dans l’Histoire comme le « deuxième débarquement ». Engagé pendant la Seconde Guerre mondiale dans la Royal Air Force, le futur réalisateur avait servi dans une unité chargée de filmer, depuis un avion, les opérations de bombardement. [Jurassic Park](https://www.telerama.fr/cinema/films/jurassic-park,28669.php) (1993), et comme le maître d’un cinéma classique, parfois académique. Attenborough ne les départage pas : il montre que la déroute aurait pu être empêchée, les grandes manœuvres arrêtées, mais il accompagne le mouvement.