Comme pour les salariés du privé, les fiches de paie des agents publics vont bientôt comprendre une nouvelle rubrique : le “montant net social”, ...
La fonctionnalisation des corps pâtit d'un déficit d'information des agents, en partie dû à des arbitrages encore en cours autour de la rémunération ...
Quoi qu’il en soit, chacun, jeune ou moins jeune, garde bien en tête la donne politique : l’hypothétique arrivée au pouvoir, en 2027 ou 2032, d’une équipe en quête de “post-vérité” ou de “réinformation”, avec des conséquences potentiellement non négligeables pour les hauts fonctionnaires, notamment ceux en poste dans les services d’inspection. Une situation qui ne paraît pas illogique au regard de l’architecture de la réforme, qui semble surtout offrir des gains financiers aux inspecteurs seniors, dans le volet indiciaire pris en compte pour le calcul de la retraite. Dans les inspections interministérielles, sociologiquement un peu plus jeunes que les autres et positionnées sur des sujets de politiques publiques plus abrasifs du point de vue de l’opinion, la fonctionnalisation pourrait aussi avoir engendré un hiatus culturel plus net autour du métier d’inspecteur de l’administration et avoir nourri la conscience collective. À l’inspection générale des Finances (IGF), à Bercy, les inspecteurs en détachement sur emploi fonctionnel pourraient bien devenir majoritaires dans cinq ou six ans. Soucieuse de se protéger, la prestigieuse inspection générale des Finances a ainsi obtenu du gouvernement l’inscription d’une nouveauté dans le décret réformant son statut, à paraître prochainement : dans le rapport annuel d’activité publié chaque année sur son site, les inspecteurs généraux pourront dresser un état des lieux public sur l’indépendance et les éventuelles atteintes. Passée l’émotion de l’annonce de la réforme, la Realpolitik a donc pris le dessus sur la force des symboles. Si l’exécutif n’a jamais fait mystère du caractère très sélectif de ce troisième grade, la philosophie reste à préciser : faudra-t-il, par exemple, justifier d’une expérience sur un emploi à la décision du gouvernement, le plus souvent pourvu en Conseil des ministres ? Avec la finalisation prochaine des principes de modulation de la rémunération des cadres dirigeants nommés sur emplois supérieurs, après ceux applicables aux membres du corps des administrateurs, les services RH des ministères disposeront de l’ensemble des informations sur les termes du droit d’option, à relayer auprès des cadres supérieurs des ministères, précise-t-on de même source. Une anecdote a ainsi fait le tour de la Place Beauvau, où 450 préfets et sous-préfets ont un choix à faire. Si les grands choix de l’exécutif macronien en matière de rémunération indiciaire sont connus – les textes et les grilles des reclassements sont parus le 24 novembre 2022 –, un point tarde à être tranché au niveau interministériel et empêche les agents de totalement se projeter : les arbitrages relatifs aux régimes indemnitaires, complexes et hétérogènes, par nature. L’année 2023 verra en effet les agents des corps fonctionnalisés – inspections, préfectorale et diplomatie notamment – se prononcer sur leur avenir : ils pourront opter pour le tout nouveau corps des administrateurs de l’État ou rester dans leurs corps d’origine, entrés en extinction. Car si les agents se sont vu promettre une garantie de rémunération, le choix d’opter ou non pour le nouveau corps équivaudra à une balance avantages-coûts entre gains de rémunérations présents ou futurs et perte d’un statut particulier symbolique.