Dans ce premier film des « Contes des quatre saisons », le vieux maître moraliste de la Nouvelle Vague tricote un marivaudage érectile du plus bel effet.
- 21h10 Le triangle amoureux change sans cesse d’angle et de côté, les personnages s’aimantent et se séparent en quelques mots ou presque. C’est vrai que le cinéaste malaxe la même matière depuis « la Collectionneuse », sauf qu’il pousse ici la virtuosité du batifolage d’un cran, en confrontant des personnages en miroir : une lolita qui entend jeter son père dans les bras de la femme qu’elle a choisie pour lui, un collectionneur qui jongle d’une maîtresse à une autre (et qui jette son dévolu sur des conquêtes qui ont l’âge de sa fille), une héroïne sur la voie de la routine qui compte bien profiter de sa semaine de célibat pour prendre un chemin de traverse. Plutôt qu’une effervescence hormonale propre au printemps du titre (et que le film capture très prosaïquement, peignant ici, une profusion d’herbe grasse, ou là, une palanquée de fleurs éclatantes), c’est le plaisir frémissant d’une instabilité par nature éphémère qui structure l’ensemble. « Tout acte a ses conséquences », devise Jeanne au cours des nombreuses joutes verbales qui fusent dans ce premier volet du célèbre cycle des « Contes des quatre saisons » du vieux maître moraliste de la Nouvelle Vague. Et comme, chez Rohmer, on met en application ce que l’on vient de dire, le résultat donne un jeu de l’esprit qui vire donc peu à peu au marivaudage érectile.