« Novembre », « Ticket to Paradise », « L'Origine du mal »… Les critiques des films en salles cette semaine. 18h10 , le 1 octobre 2022.
Avec son classicisme élégant et sa musique quasi omniprésente, Une femme de notre temps ressemble à un film d’un autre temps. Julianne, commissaire de police et auteure de romans, découvre que son mari a une liaison. Gioia, une bergère de 18 ans, vit avec son père dans un village d’Italie où elle est appréciée de tous. Règlements de comptes, manipulations, secrets et mensonges au menu d’un huis clos anxiogène et malaisant, impitoyable et vénéneux, qui dénonce avec un humour cinglant le fossé irréconciliable entre riches et pauvres, et la masculinité toxique. Variation sous les cocotiers de La Guerre des Rose (1989), de Danny DeVito, le scénario, cousu de fil blanc et qui aurait pu être encore plus méchant, vaut pour la complicité flagrante entre Julia Roberts et George Clooney, en total lâcher-prise. Certes austère et statique, le récit à vertu pédagogique enchaîne les témoignages poignants face caméra et dresse le portrait d’une femme qui émeut par sa sagesse et son humanisme. Photos et vidéos d’archives à l’appui, ce documentaire apporte un éclairage édifiant, à travers des exemples précis, sur les crimes perpétrés dans la région. Ses partenaires sont authentiques et justes de bout en bout, de l’intime à l’universel. Le cinéma ultra-réaliste des Dardenne se fait encore plus direct pour toucher droit au cœur en à peine une heure et demie : pas de misérabilisme appuyé, pas de fioritures narratives visant à créer du rebondissement, pas d’effets visuels côté mise en scène pour faire monter la pression, juste la force de l’amitié en guise de bouclier et l’absurdité d’une administration conduisant à un drame que la simple générosité aurait pu éviter. Avec son efficacité déjà prouvée dans l’action (Bac Nord), Cédric Jimenez nous embarque dans une course contre la montre haletante et sans fioritures : sans jamais montrer les attentats, il porte un regard quasi clinique sur le combat de l’ombre des enquêteurs qui tentent, entre réunions avec les politiques et fausses pistes sur le terrain, d’empêcher une nouvelle action des terroristes. Diminué physiquement après un AVC, il habite un manoir sur l’île de Porquerolles avec sa belle-mère et sa demi-sœur, qui ne voient pas d’un bon œil l’arrivée d’une inconnue au sein du foyer. Venus d’Afrique sur le même bateau, Tori a fui son pays à cause de son statut d’enfant sorcier et Lokita a été envoyée par sa mère en Europe pour gagner l’argent nécessaire à l’éducation de ses frères.