Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, le caricaturiste de presse et auteur de bandes dessinées, Luz.
Il y a juste un truc que je n'arrive pas à avoir et ça me manque, mais peut-être que ce n'est pas plus mal, c'est la colère." Moi, je ne fais plus de dédicaces, je ne vais plus dans les festivals, je ne fais plus grand-chose, je ne vais plus au contact des lecteurs et des lectrices, mais par contre, je suis en contact permanent avec mes personnages et bon Dieu, qu'est-ce que je les aime ! Il y a un côté un peu Doors, on a l'impression d'avoir un peu un Morrisson à côté de nous. Je n'avais pas de frères et sœurs avec lesquels jouer et quand il y avait des réunions familiales, il y avait beaucoup, beaucoup d'adultes qui racontaient énormément de choses que je ne comprenais pas, mais que je soupçonnais être un peu stupides. Il y a donc beaucoup de vous en lui et beaucoup de lui en vous. Et en fait, il y a un truc marrant, c'est que moi, depuis quelques années, je suis un peu diffracté.
Le dessinateur vient de sortir le deuxième et dernier tome de son adaptation de Vernon Subutex, d'après le best-seller de Virginie Despentes.
"C'est exactement ce que j'affectionne, c'est le fantastique qui fait irruption dans le quotidien ou plutôt le quotidien qui devient quelque chose de fantastique." Et parmi les nouveautés, Fool Night et [Look Back](/people/bandes-dessinees/rencontre-avec-tatsuki-fujimoto-le-genial-mangaka-de-chainsaw-man-et-look-back_AN-202203160112.html): "Ce sont des exemples merveilleux de narration." "Il fallait que je commence par quelque chose de difficile, qui pouvait parler à toutes les personnes qui ont été violées que je connaisse - et il y en a vraiment beaucoup dans ma vie." L'image est d'autant plus bouleversante qu'elle évoque d'autres planches de ses précédentes BD où Luz tentait déjà de retranscrire graphiquement les traumatismes de la vie dans le visage de ses personnages. "Ça n'a pas été la plus compliquée à dessiner", rassure-t-il, "parce que ce n'est pas la plus importante pour moi." "Je me suis dit que si j'arrivais à faire ces planches, à retranscrire ce que le personnage avait à dire, alors j'arriverais à faire le reste du bouquin", explique Luz. Depuis, le monde a été déconfiné: "et dans le 2e tome, je n'ai jamais aussi bien dessiné les gens qui dansent!" "Je veux que le lecteur se perde", insiste-t-il. "Peut-être qu'inconsciemment je sais que j'ai Alzheimer", s'amuse Luz, qui n'a rien perdu de son humour dévastateur. Sur le premier tome, comme il y avait le Covid, je n'ai jamais aussi bien dessiné la solitude." [7-Janvier](/police-justice/que-sont-devenus-les-anciens-locaux-de-charlie-hebdo-depuis-les-attentats-de-janvier-2015_AN-202009250215.html) dans Catharsis (2015) et ses années de formation à l'hebdomadaire satirique dans [Indélébiles](/people/luz-je-creve-de-peur-qu-on-ne-soit-plus-que-des-noms-sur-la-page-wikipedia-du-7-janvier-2015_AN-201811020033.html) (2018). Le problème, c'est que j'ai encore des choses à dire sur le trauma", glisse le dessinateur, qui reconnaît aux 700 pages de son Vernon Subutex des bienfaits thérapeutiques: "Je suis content d’avoir fait ce livre.