Nathan Devers vient de publier chez Albin Michel son troisième roman : « Les liensartificiels ». On parle moins de ce roman, le troisième écrit par ce très ...
On ne lit plus et les termes informatiques désincarnés dévorent âprement la chair de notre langue : « interface », « pavé tactile », « quitter le programme », « network », « métavers », « smileys », « Tinder », « Twitter », « hashtag ». » (Julien Gracq : « En lisant en écrivant ») Nathan Devers dit magnifiquement, à propos du geste poétique de Julien : « Ens’allongeantsur le papier, les mots faisaient surgir un réseau de métaphores diffuses.Filandreuses au début, les images s’ordonnaient et devenaient limpides à mesure qu’elles s’emboîtaient les unes dans les autres. On pense tout particulièrement au passage sur le débat à La Grande librairie qui oppose (Malgré l’irrévérence qu’on a estimé trop prononcée à l’égard du philosophe, on n’a pas pu s’empêcher de sourire.) Alain Finkielkraut à Frédéric Beigbeder au sujet de la poésie qu’écrit julien Libérat sous le nom de son avatar : Vangel ; poésie passée de l’Antimonde au nôtre. Puisse Nathan Devers inciter sa génération, comme les suivantes, à retrouver les mots pour le dire ; dire le monde, même étrange, hostile et sombre. Voici le début de ce passage : « À gauche de l’écran, caché derrière seslunettes rondes, Finkielkraut semblait pensif. Quand Julien Libérat, planqué derrière son avatar écrit des poèmes(mauvais) en alexandrins, ses vers sonnent comme une tentative pour renouer avec une langue devenue étique à force de ne plus être enseignée. » « Seulement, ce que Jean et les penseurs d’hier ne pouvaient pas savoir, c’était que l’Apocalypse émanerait de la programmation informatique. Mais c’est surtout à une réflexion sur l’écriture et l’appauvrissement de la langue que l’œuvre nous invite. De main de maître, le romancier navigue entre anticipation, uchronie et époque actuelle. On parle moins de ce roman, le troisième écrit par ce très jeune auteur, remarquable, tant par son sujet que dans sa construction et dans son écriture que du dernier ouvrage commis par Dame Despentes. Les chaînes de la frustration sont brisées.