Revoir Paris

Première fiction inspirée des attentats du 13 novembre, ce film pudique et sensible suit le parcours de reconstruction d'une rescapée, interprétée par ...

Une façon de montrer qu’une expérience comme les attentats peut faire se connecter des gens de mondes et de classes sociales différents, qui ne se seraient jamais rencontrés autrement. Je voulais que ce soit un film lumineux, solaire, qui parle plus de la vie que de la mort, un trajet de résilience. À la fois intime et choral, Revoir Paris s’articule donc autour du personnage de Mia (Virginie Efira), traductrice de russe, à la vie sans histoire. Comme dans cette magnifique scène au musée de L’Orangerie, où Mia accompagne la fille d’un couple de victimes devant [attentats du 13 novembre 2015](https://www.la-croix.com/France/attentats-bataclan-stade-france-paris-saint-denis-13-novembre-2015), et construire une fiction qui s’en inspire. Première fiction inspirée des attentats du 13 novembre, ce film pudique et sensible suit le parcours de reconstruction d’une rescapée, interprétée par Virginie Efira.

Décortiquant le traumatisme provoqué par les attentats du 13 novembre, le long métrage d'Alice Winocour pèche par sa volonté de n'oublier personne.

[Virginie Efira](https://www.liberation.fr/culture/cinema/virginie-efira-dautres-vies-que-la-sienne-20211219_ZER7YFCPLVAFTLBUPPU6EAC4MU/), a survécu à la fusillade survenue dans une brasserie le soir de tueries coordonnées dans la capitale. Un délai de convalescence est passé, la question n’est plus de savoir s’il fallait faire le film ou pas. S’avançant plutôt sur un terrain intimiste, Revoir Paris se tient quant à lui du côté des victimes, évacuant l’exactitude de la reconstitution au profit de l’évocation libre.

Alice Winocour aborde avec une pudeur poignante la réparation des corps et des âmes brisés par le terrorisme. Virgine Efira et Benoît Magimel y excellent.

Tout est flou, instable et revient parfois dans sa tête sous forme de violents éclairs. Difficile de reconstituer ces quelques minutes au bout desquelles quelqu'un a pris sa main et l'a ramenée dans le monde des vivants. Couchée à plat ventre sous une table, elle n'aperçoit que des baskets noires qui marchent sur du verre brisé, puis entend des cris de frayeur et le bruit assourdissant des rafales d'armes automatiques.

CRITIQUE - Porté par Virginie Efira, le film d'Alice Winocour s'inspire du 13 novembre 2015 pour parler des traumatismes des rescapés d'un attentat dans la ...

Elle croise à ces réunions un banquier qui a la jambe hérissée de fixateurs externes. Elle participe à un groupe de soutien, croise d’autres rescapés. Un film très au-dessus de ses concurrents sur le sujet.

Le film de Bojena Horackova et celui d'Alice Winocour sont l'un et l'autre construits sur des allers-retours entre un passé traumatique et un présent ...

[Revoir Paris](https://www.imdb.com/title/tt15329224/) évoque une autre manière de parcourir un chemin. [Le film](http://www.slate.fr/dossier/6101/film) accompagne son enquête sur le déroulement de cette soirée tragique pour reconstruire le déroulement des faits et retrouver ceux qu'elle a croisés dans cette situation extrême. Aussi banal que regrettable, ce processus apparaît comme particulièrement gênant à propos d'un événement aussi ravageur que celui qui sert de ressort dramatique à Revoir Paris. Et qui traduisent les vérités et les obscurités du monde dans lequel nous existons à présent. [13-Novembre](http://www.slate.fr/dossier/91217/attentats-du-13-novembre) sont évidemment des événements très différents, mais ici c'est la manière dont deux réalisatrices s'y réfèrent pour des propositions de cinéma fort différentes qui fait sens. Une bonne part de cette énergie et de cette émotion tient à la liberté avec laquelle sont dessinés personnages et situations, parfois seulement de quelques traits, souvent sans que toutes les informations ne soient données. Ils donnent au film sa respiration, y compris pour évoquer deux situations complètement différentes mais l'une et l'autre étouffantes. Deux époques scandées par une rupture brutale, une crise collective relevant de la grande histoire, mais évoquée à partir de ses effets sur une personne et son entourage. Le lieu à demi-mythologique qui donne son titre au film, en reprenant La Traverse [enfance](http://www.slate.fr/dossier/4877/enfants), et ce que fut la perspective pour les habitants du bloc de l'Est de la fin de cette situation. [attentat](http://www.slate.fr/dossier/4299/attentats) directement inspiré de ceux qui ont ensanglanté Paris en 2015, un massacre dans un grand café, et son enquête sur les faits et les personnes qui étaient près d'elle à ce moment.

La réalisatrice Alice Winocour décrit la reconstruction de victimes d'un attentant dans le puissant « Revoir Paris » en salle ce mercredi.

Revoir Paris est une histoire de résilience comme de solidarité pour laquelle la cinéaste a puisé dans les souvenirs de son frère, survivant du Bataclan le 13 novembre 2015, avec lequel elle était restée en contact par SMS pendant l’attentat. Le choix de la réalisatrice de montrer l’attentat en ne filmant que les pieds des personnages renforce le processus d’identification du spectateur. [ Revoir Paris](https://www.20minutes.fr/arts-stars/cinema/3334915-20220808-revoir-paris-2022) d’ [Alice Winocour](https://www.20minutes.fr/sciences/2660695-20191127-proxima-ceux-restent-sol-davantage-besoin-soutien-ceux-partent-selon-claudie-haignere), découvert à la [Quinzaine des Réalisateurs](https://www.20minutes.fr/dossier/quinzaine_des_realisateurs) du Festival de Cannes, suit le parcours douloureux de survivants d’un attentat dans une brasserie parisienne qui tentent de se reconstruire. « Aucune des victimes n’a une vision globale de l’attaque, précise la réalisatrice. Le choc a été si violent qu’elle ne se souvient plus des détails de l’attaque, ni de son comportement face au danger. Mon personnage essaie de retrouver la mémoire après avoir vécu une situation traumatisante.

Découvrez la critique du film Revoir Paris de Alice Winocour - Comment raconter le désarroi qui survient après la violence et la peur ?

Parce qu'il aborde une héroïne complexe en s'efforçant de n'oublier aucune de ses facettes, qui à embrasser les plus fragiles, le long-métrage nous tend un miroir brisé, dont tous les éclats ne jouissent pas de la même réflexion. Alors que nous suivons le début de soirée contrarié de Mia, nous comprenons que la caméra de Winocour ne reculera pas, et s’apprête à se confronter à la représentation de l’horreur. Au-delà de l’admiration pour l’intelligence du positionnement, c’est la capacité à transfigurer le factuel par le narratif, en d’autres termes, la recherche d’une vérité plutôt qu’une réalité, qui émeut. Le travail du son, le son des chaussures écrasant les éclats de boiseries, les filaments de nappe ou les bris de verre saturent progressivement les tympans du spectateur, avant que le bruit sourd des corps heurtant le sol ne recouvre progressivement l’atmosphère. Comment transformer une tragédie et un traumatisme collectifs en narration de cinéma au sein d’une culture cinématographique encore rétive à la captation ou recréation du réel, du fait historique ? Quelques mois seulement après le procès des attentats du 13 novembre, qui occupa pendant 9 mois les citoyens français, les médias, l’appareil judiciaire et de nombreuses parties civiles, Revoir Paris sort au cinéma.

Alice Winocour filme la reconstruction mentale d'une femme (Virginie Efira), qui réapprend à vivre dans la capitale.

La fiction puise dans le réel pour tisser le récit, rempli de personnages (une serveuse, une jeune fille qui a perdu ses parents…). En jean et blouson de cuir, Virginie Efira porte le film avec son regard, souvent dans le brouillard, que viennent illuminer des réminiscences soudaines. Passé ce moment traumatique, vient le jour d’après, et Revoir Paris bascule dans un voyage mental, géographique et sociologique au cœur de la capitale.