Muse

Muse sort un nouvel album où sont transformées en musique les grandes crises mondiales, plombant un futur de plus en plus incertain.

Considérations apocalyptiques et métaphores sur l’humanité courant à sa perte ou l’état d’esprit du groupe (ces guerriers repartant au combat sur “Descending”) ? Oui et non, presque inévitablement, et ce pour une bonne raison : Tool n’a que faire de ce que l’on projette sur lui au prétexte que sa musique ou son univers envoûtent autant (d’autant ?) qu’ils se drapent d’une opacité savamment entretenue. Classique ou moderne, plus ouvertement rock à l’occasion, la palette élargie s’accompagne de quelques invités (Sonny Landreth, Cedric Burnside) qui font mieux que se fondre dans le décor. Pour vous tenir au courant de toute l’actualité du groupe, c’est par [ici](https://www.thestrokes.com/). « Why Are Sundays So Depressing » et « Not The Same Anymore » (est-ce la suite sonore et spirituelle de « Under Control ? Le producteur de renom a certes un CV en béton (de System of a Down à Kanye West, en passant par un certain Eminem, Linkin Park, Slipknot, les Red Hot et autres Mars Volta), mais sa carrière part dans tellement de sens que cette participation au projet pouvait laisser dubitatif. Celui qui l’aura mené à la gloire, puis à sa perte personnelle, l’obligeant à s’éloigner des radars un temps avec les [Voidz](https://www.rollingstone.fr/interview-julian-casablancas-the-voidz/) (deux très bons albums à leurs effectifs), et même un disque solo remarquable (Phrazes for the Young, 2009). [Julian Casablancas](https://www.rollingstone.fr/julian-casablancas-toujours-delire/). réflexes de jam (“Lie Lie Lie”), connotations résolument plus pop dans les tournures ou un refrain (“Good and Gone”, “Blood on the Tracks”, “Hard Working Man”, “Dark Cloud”), riffs plus apprivoisés qu’abandonnés à, hum, l’état sauvage (à peu près partout), rien n’a été laissé au hasard. Inutile de tourner autour du pot : si la musique jamaïcaine ne doit pas tout à Lee “Scratch” Perry, pas grand-chose de ses éléments constituants ont échappé à la sagacité-maestria-folie (rayer la mention inutile) de notre touche-à-tout. La créativité du groupe est ici à son comble et leurs inconditionnels y verront évidemment tous les clins d’œil à leur déjà plus de 25 ans de carrière – et donc neuvième album –où leur sens du show et de la performance reste la seule certitude de cet album à l’écriture sidérante. Lumineux et flamboyant, à l’image de la tournée estival qui les a vu jouer partout en Europe et notamment en France, le nouvel album de Muse, Will Of The People, joue du projecteur et de la loupe pour mieux montrer la nouvelle direction que prend la planète.